L’expression « guerre totale » décrit parfaitement la Première Guerre mondiale. D’ailleurs, le terme est apparu au cours de ce conflit, qui présentait toutes les caractéristiques d’une guerre universelle mobilisant des armées entières composées de personnes de tous les pays du monde. Le poids de ces forces et les combats incessants ont pesé lourd sur le front intérieur, où les capacités productives ont été complètement dédiées aux efforts de guerre. En effet, les civils ont joué des rôles tout aussi essentiels que les soldats, notamment en ce qui concerne la guerre commerciale. Éclairage.
Une guerre intense et de grande ampleur
On considère que la guerre de 14–18 est une guerre totale dans la mesure où elle concerne une nation entière. Elle est menée non seulement sur le front, dans les tranchées, mais implique aussi l’industrie, à travers les usines, notamment. Dès lors, on peut parler d’une guerre totale dans le cadre de la 1ère guerre mondiale, puisqu’elle a concerné et impacté l’ensemble de la société. La population, combattante ou non, a été mobilisée, et tous les moyens de production étaient exploités pour les besoins de la guerre.
L’objectif était de détruire et de pousser à l’effondrement d’une des parties au conflit. Ces caractéristiques confèrent à la Première Guerre mondiale le statut de « première guerre totale », qui n’a eu d’égal, par son ampleur et sa totalité, que la grande guerre qui a éclaté quelques décennies plus tard.
Force est de constater que la guerre totale a dominé le cours de l’histoire militaire moderne, surtout durant les deux derniers siècles, à travers l’accroissement de la portée et de la durée des hostilités, conflits et opérations militaires, mais aussi en raison de la disparition systématique des frontières entre militaires et civils et entre guerre et société.
La Grande Guerre, une tragédie globale et totale
La première et principale caractéristique de la Grande Guerre est d’être une « guerre totale », et pour cause, il s’agit, comme évoqué plus tôt, d’une guerre qui a mobilisé l’ensemble de la société, à savoir les militaires, les combattants et les civils, le front et l’arrière. Même la production économique a été en grande partie dédiée à l’effort de guerre, sans oublier la propagande massive et à grande échelle qui visait à impliquer l’ensemble de la société. Par ailleurs, la diffusion géographique des combats était d’une ampleur jamais observée auparavant par le biais des colonies et des différents fronts européens et internationaux…
Les conséquences de la 1ère guerre mondiale sont très lourdes. Les chiffres sont pour le moins surprenants :
- 70 millions personnes mobilisées à l’échelle de l’Europe ;
- 10 millions de morts ;
- 17 millions de blessés ;
- 8 millions de mutilés ;
- 900 Français, 1 300 Allemands, 1 450 Russes meurent sur le front chaque jour ;
- le 22 août 1914, 27 000 Français meurent en une seule journée ;
- le 1er juillet 1916, 20 000 Britanniques sont tués dans la bataille de la Somme ;
- les limites d’âge des volontaires sont revues (entre 17 et 48 ans).
La Grande Guerre mérite d’être décrite comme une tragédie globale et totale
La période 1914 à 1918 se prolonge jusque dans les années vingt, voire jusqu’à nos jours, en raison des travaux de commémoration à grande échelle qui ont commencé dès la fin de la Grande Guerre. C’est ce qui explique, sans doute, la présence encore très forte, de nos jours, de ce passé violent et peu glorieux. Il s’agit, en réalité, d’une parenthèse ouverte qui continue d’interpeller les petits-enfants et arrière-petits-enfants des générations ayant assisté aux événements tragiques de la période 14-18. En psychiatrie spécialisée en catastrophes de masse, on appelle cela un « phénomène de troisième génération ». La Grande Guerre est une tragédie globale et totale aussi parce qu’elle refuse de se faire oublier et continue de s’imposer comme un événement phare de l’histoire moderne.